Aller vers les habitants, un enjeu de santé, l’action de Médecins du monde à Lille-Sud.

Depuis 1986, l’association Médecins du monde (MDM) œuvre dans plusieurs régions de France sur des thématiques diverses liées à l’accès aux soins.
À Lille-Sud, ils sont 2 salariés : une coordinatrice et un médiateur santé et une quinzaine de précieux bénévoles. Un local leur a été mis à disposition en face de la mairie du quartier. Leur action consiste à parler de santé avec tous les habitants de Lille Sud et les accompagner lorsqu’ils rencontrent des difficultés dans leurs démarches d’accès aux soins.

QUELLES ACTIONS À LILLE SUD ?

L’équipe de Médecins du Monde va vers les habitants directement dans les espaces de vie publique, comme le marché ou dans des cabinets médicaux. Ils ont aussi la possibilité de se déplacer à domicile sur demande. Ils font preuve de souplesse pour tenter de toucher les personnes les plus éloignées du système de soins.
Si vous les rencontrez au marché, ils peuvent vous poser cette simple question :
“Êtes-vous en bonne santé ?”

L’objectif est de travailler sur la compréhension de la notion de santé, car cela ne veut pas seulement dire : “Êtes-vous malade ?”. Pour être en bonne santé il faut, par exemple, un logement salubre, avoir accès à une consultation médicale locale. Médecins du Monde oriente et prend le temps de conseiller, d’expliquer qui fait quoi, et où aller pour faire valoir son droit à la santé. Ils sont le lien entre la personne et les professionnels de santé. L’équipe de Médecins du Monde est aussi là pour accompagner le public face à différents problèmes de santé courants : diabète, obésité, alcoolisme, etc.

Ils coaniment aussi des actions autour de nombreux sujets qui peuvent tous nous toucher. C’était notamment le cas lors des Journées en médiation en santé des 22 et 23 novembre organisées en lien avec le Centre de Santé Polyvalent de Lille Sud.

« le dossier CMU-C est tellement compliqué à remplir que j’ai rempli mon nom, prénom et date de naissance et je l’ai donné à mon père pour qu’il remplisse le reste pour moi. »

RISQUES DE L’INHABILETÉ NUMÉRIQUE

L’accès au droit à la santé peut s’avérer complexe, c’est également un symptôme de la fracture numérique. Médecins du Monde s’entoure donc d’autres acteurs locaux tels que le centre social Lazare Garreau. Des temps d’accueil, assurés par notre médiateur numérique, y ont lieu tous les mardis et jeudis après-midis dans le but d’accompagner individuellement les habitants. Cet accompagnement individuel autour de l’accès aux droits est nécessaire au respect de la confidentialité et permet d’apporter des réponses pertinentes dans ce cadre, car personnalisées. Les questions sont diverses : Attestation et consultation de comptes, prise de rendez-vous médicaux, dossier de demande ou renouvellement de CMU, création d’un dossier CARSAT, créer un dossier auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), etc.

« Alors que je venais pour une démarche classique à la CPAM, la personne qui m’a pris en charge a pris ma carte vitale, et sans me demander mon avis elle a ouvert mon DMP (Dossier Médical Partagé), elle ne m’a rien expliqué. C’est mon médecin généraliste qui plus tard m’a expliqué que j’avais le DMP et ce que c’était. Ça m’a pris 3 mois pour comprendre ce que c’était. ».

PALLIER LA BARRIÈRE DE LA LANGUE

D’autres barrières peuvent se poser en plus de la fracture numérique, celle de la langue. De plus, les ateliers sociolinguistiques sont une occasion
d’identifier des personnes en difficulté ou en situation de renoncement au soin.
Avoir du mal à lire au tableau ou des questions comme “Pourquoi je n’ai pas de retraite?” sont autant de marqueurs de risque.
Au-delà de l’apprentissage de la langue, facteur d’insertion sociale et de lutte contre l’isolement, les ateliers d’apprentissage à la langue française sont une porte d’entrée et une passerelle entre les services. Des actions de prévention autour de la santé sont réalisées par Médecins du Monde. Ils concernent des sujets variés relatifs au diabète, au cholestérol, mais aussi à la contraception. Cette action a été organisée en lien avec la médecin de la PMI. Grâce à cela, les apprenants des ateliers d’apprentissage à la langue française au centre social ont pu être sensibilisés à ces questions de santé.

« J’ai un ami qui ne parle pas le français, à chaque fois que la Sécu lui envoie un courrier il le comprend mal et rentre le mauvais code, et le site Ameli.fr se bloque. Il est là depuis 8 mois et il n’a toujours pas son attestation ».

LES ENJEUX FINANCIERS

La crainte de devoir payer peut être un point sensible à déceler et peut créer une situation dangereuse de renoncement au soin. Il est important de souligner que la capacité d’accéder à ces droits a un grand impact sur la santé.
On a souvent aussi beaucoup d’idées reçues sur la santé : “les dents et les lunettes coûtent chers et sont inaccessibles sans mutuelle”.
Seulement, il est possible, en l’absence d’une mutuelle privée ou de CMU, de tenter un recours à la CPAM et cela peut se faire avec l’appui de Médecins du Monde.
Il n’est pas rare d’accueillir au sein du centre social des personnes endettées auprès des établissements de soins.
Nous nous chargeons donc d’aider les personnes à établir des échéances dans les paiements et de les rassurer face à une lettre de mise en demeure.

« J’ai trois enfants à charge, je suis mère divorcée, alors je m’occupe d’abord qu’ils aient à manger, les dépenses pour la santé, surtout la mienne, ça passe après. »

Face à ses facteurs de risques multiples il est nécessaire de développer une
activité dite “d’aller vers” en plus de cet accompagnement direct. Ainsi, il sera possible de lever les barrières de parler de mauvaises expériences. Tous les acteurs associatifs, dans ce cadre comme pour beaucoup d’autres, créent un maillage entre les différentes institutions.