L’ATELIER D’ÉCRITURE DU CENTRE SOCIAL ET CULTUREL LAZARE GARREAU CONFINÉ MAIS TOUJOURS INSPIRÉ 2019/2020
Lettres de l’intérieur
Bonjour mes gens,
A trois jours du printemps, le soleil brille à Lille. Bonne affaire !
Je suis un peu vieille, cabossée. Le nez à ma fenêtre, je souris. Un pigeon trottine sur le trottoir, sans son attestation de déplacement dérogatoire. C’est normal : c’est un pigeon.
De quoi s’agit-il ? Ma situation, comme celle de millions de gens dans ce pays est inédite ; elle s’appelle le confinement. Ou en bref : rester chez soi, afin de ne pas trimbaler l’affreux virus émergeant, le filer aux autres, se retrouver en réa et peut-être mort en fin de parcours. Ce serait c.. !
Donc ça calme.
Et même âgée cabossée, je tiens à la vie… et à celle des autres. Par pur égoïsme, on est bien tout seul mais les autres, bons ou mauvais, cela distrait.
Chaque jour, je vous écrirai un petit mot.
Un jour après l’autre !
Bon confinement mes gens.
Paulette.
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Bonjour mes gens,
Je me lève toujours à la même heure, de bon matin.
Aujourd’hui, je grogne un peu : exit le pain frais du petit déj. Deux biscottes prennent sa place. Je suis d’accord avec vous, pas de drame.
Rassérénée donc, je m’exerce à la marche, des tours d’appartement, avec des obstacles (tables, chaises, fauteuils), toutes fenêtres ouvertes.
Ô surprise, une voisine me hèle : « Alors, on se dépense » me taquine t’elle, dans un sourire. Elle reste bien à quatre mètres. Elle aime bien les jeux gratuits sur le net, m’avoue t’elle et un croque-monsieur accompagné d’une salade de haricots verts, vont la régaler ce midi. Nous papotons.
Nous nous donnons rendez-vous, en riant, demain, à la prochaine sortie de son chien, même lieu, même heure.
Rien n’est perdu.
Bonne journée mes gens,
Paulette.
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Confiné sous ton toit
Ton corps se tient chez toi
Ton esprit reste libre
Active-le, fais-le vivre
Martine
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Bonjour merci pour ce rappel qui va nous réunir de façon très forte pour continuer à être ensemble. J’aime le cours d’écriture malgré les difficultés. Je pense qu’il faut bien se souder les coudes et multiplier les prières pour nous débarrasser de ce monstre qui n’a pas de frontière.
Rahma
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Profite de l’occasion
Sors l’imagination
Pour écrire une page
Quand l’horreur se propage
Libère l’inspiration
Pour une création
Qui t’aidera à vaincre
Et peut être à convaincre
Qui certes prouvera
Que la pensée sera
Toujours indépendante
Martine
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La lumière du cœur invincible.
Le Corona virus voulait détruire le monde de la terre mais au milieu de cette terre était enterrée tout au fond, au cœur du noyau, une fantastique et magique lumière. Une gardienne gardait la lumière du cœur invincible. Seule une jeune fille au cœur pure pouvait la prendre.
Quand le virus est arrivé sur la terre beaucoup de personnes tombaient malade. La jeune fille vit ça. Elle partit voir la gardienne. Toutes les deux descendirent dans un tunnel et arrivèrent au devant d’une porte. La gardienne dit à la jeune fille « je ne peux pas rentrer. Il faut qu’une jeune fille au cœur pur y entre». La gardienne ouvrit la porte et la jeune fille rentra dans la pièce et vit la lumière. La lumière était dans un vase de cristal en forme de cœur, très, très fragile et magnifique. La jeune fille prit le vase en cristal en forme de cœur dans ses mains et remonta avec cette lumière de mille feux.
Elle mit ce vase en plein milieu du jardin et ouvrit le vase en forme de cœur. Le virus se battait avec la lumière, la lumière traversa le très, très gros virus et le virus disparut dans l’univers.
Les gens guérissaient tous d’un seul coup grâce à la lumière.
La lumière se remit dans le vase en forme de cœur, la jeune fille le remit à sa place et referma la porte de la grotte. Les gens la remercièrent, ils était heureux de se serrer dans les bras.
Nathalie
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Bonjour mes gens,
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Je m’inquiète davantage pour eux que pour moi. Ils m’ont interdit de « bouger une patte » hors de
l’appartement, depuis dix jours, au vu de mon âge et de mon état de santé.
Eux vont travailler. Ils font leur devoir. Mais, l’hôpital public c’est un grand navire qui n’en finit pas de prendre l’eau. Je le sais. Comme patiente et avec les études des enfants, je connais les coulisses. Les moyens manquent depuis des décennies : matériels, naufrage ! et humains, double naufrage !
Résultats : ils risquent leur peau… et nous aussi. Car, par exemple, il faut choisir qui réanimer. On ne peut pas réanimer tout le monde. Cela vous convient de voir mourir votre grand-mère, même si elle a 75 ans ?
On verra bien.
Moi, dans mon dedans ;
Virus dehors nous attend.
Basta malfaisant.
Pieds de nez
De tous les confinés à
Corona : t’es mort !
Les Haïkus, ce n’est pas facile. Cependant j’espère que le message passe.
A bientôt mes gens.
Paulette.
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Aujourd’hui, lever à huit heures, l’infirmière du labo vient dans une demi-heure faire la prise de sang de ma mère qui est confinée chez moi à cause du Covid-19 ; Habillage rapide, nous déjeunons pendant que la centenaire à jeun fait sa toilette. Il me reste juste assez de temps pour laver dans l’évier mon pull rouge qui déteint encore après de nombreux lavages.
Le ciel est limpide, la lumière qui se reflète sur les murs blancs du jardin est éblouissante, les moineaux, les mésanges, les accenteurs mouchés se battent pour dévorer les graines du distributeur, les tourterelles plus lourdes et plus malignes récoltent celles qui tombent dans l’herbe.
Dans le grand cyprès du jardin d’à côté, celui qu’on appelle « le HLM », tant il abrite d’oiseaux, c’est la fête. Les occupants se réveillent tous en même temps et piaillent comme des volailles menacées par un renard !
Soudain nous entendons un coucou, un coucou à Lille-Sud ! Ça n’est jamais arrivé, cherche t-il un nid ? Non, pas possible, les oiseaux commencent seulement à les construire. C’est vraiment bizarre, je n’en reviens pas. De plus, c’est un migrateur qui ne revient chez nous qu’en avril, bon, avec l’hiver qu’on a eu, il est peut-être en avance de quelques jours… Il insiste, j’ai l’impression qu’il tourne autour de la maison sans s’éloigner.
Mon pull rincé est pendu, je traverse ma chambre pour regarder si ma mère est prête et j’entends en passant le réveil de mon téléphone chanter désespérément le cri du coucou !
Martine Lebecq
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Bonjour Paulette
Moi aussi, j’habite Lille-Sud, moi aussi je suis enfermée chez moi. Je suis contente de pouvoir lire tous les jours ton journal. J’espère que tes enfants qui travaillent à l’hôpital vont bien, dis-leur de ma part que c’est formidable ce qu’ils et que tout le monde les admire.
Surtout continue à envoyer ces petits mots, ils font du bien, c’est comme une fenêtre qui s’ouvre sur le monde, comme un rayon de soleil qui entre dans la maison.
Je t’envoie un grand merci emballé dans un papier doré orné d’un ruban rose.
Mauricette
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Confinement
C’est dur de rester chez moi tous les jours dans ce confinement obligatoire.
Des fois en courses, ça me manque de plus voir les gens ou de parler avec eux, ça me manque de plus travailler. Je fais des activités chez moi, je regarde la télé ou je joue sur mon portable ; des fois je m’évade dans mon imagination féerique car j’en peux plus de vivre enfermée chez moi, de regarder par la fenêtre, de voir le beau temps et des fois entendre les oiseaux siffler.
C’est le printemps les fleurs poussent, d’habitude on entend les enfants jouer, rire se promener dans les rues ou les parcs mais là c’est le désert. C’est triste de voir ça. C’est pour ça que je vais dans mon monde féerique.
Nathalie
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Lille,
A Mauricette et à tous mes gens,
Bonjour,
Quelle bonne surprise que votre réponse ! Cela fait plaisir aux enfants, comme à leurs collègues que vous les souteniez.
Surtout, enfermés, nous contribuons à leurs efforts. D’ailleurs, personne n’a envie de tomber malade et de faire un séjour (peut-être sans retour) à l’hôpital.
Mis à part quelques crétins, dans ma rue et alentours immédiats, la consigne est suivie.
Nos murs sont notre protection.
Votre grand merci emballé dans un papier doré, orné d’un ruban rose a fière allure : Noël avant l’heure ☺. Comme vous et bon nombre de confinés, je porte des lunettes roses. La vie en rose parait plus légère. Aussi je nous souhaite un confinement calme. Chaque long jour nous rapproche de la fin de l’épidémie.
Cachons-nous, nous vaincrons !
Tous par le cœur rattachés, nous supportons l’épreuve.
Merci Mauricette, merci mes gens.
Paulette.
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Je reste chez moi
1 mètre
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Bonjour mes gens,
Allez hop, pas de jérémiades ce jour, je pose mes nouveaux rideaux.
Du beau tissu d’ameublement, un coton blanc avec des rayures multicolores, j’adore. Ils tamisent la lumière juste ce qu’il faut, un vrai arc en ciel dans la pièce à vivre.
Une nappe rouge à pois blancs sur ma table en noyer datée de 1897, artisanat du faubourg Saint-Antoine à Paris ; entourez-la de 4 chaises vert prairie. Wap, un torrent de couleurs se déverse devant mes yeux éblouis.
Ma paire de rideaux provient d’un site de seconde main. Hé oui, à la page la mémé.
Soit dit en passant, de mon temps (années 50, oups), pas question de consommer, consommer, consommer à gogo, la qualité primait souvent sur la quantité.
Dans ces temps-ci, à nous de trouver un équilibre entre le trop et le trop peu. La trêve imposée des achats non essentiels nous permet d’y réfléchir.
Pour l’heure, je vais contempler mon coin repas coloré.
Bises virtuelles mes gens.
Paulette.
Bonjour mes gens,
Je ronchonne peu ces temps-ci. Signe de quiétude, trop heureuse que mes proches aillent bien.
Nous prenons le rythme.
Lecture, écriture, musique, télé, cuisine, ménage etc. et chaque jour un petit plaisir différent.
Il faut se creuser la tête. Soudain, une loupiotte s’allume dans notre cerveau et hop une idée sympa.
Il y a aussi les choses à laisser tomber.
Je regarde, effarée, une coach sportif, ancienne miss France, qui nous a concoctés des exercices de gym ‘’spécialmaison’’. Cela fait peur. Exemple : dans la douche, dos au mur carrelé, vous êtes assis… sans chaise, 3 minutes. La belle précise « ne tombez pas ! ». Si vous chutez et, qu’au mieux, vous vous cassez un os, vous voyez la suite. Idem pour les triples saltos, les roulades, le poirier et autres acrobaties☺.
Sur ce mes braves gens, reposez-vous bien !
Paulette
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Bonjour mes gens,
Le confinement présente de bons côtés.
Un principalement pour moi, je ne vois plus : les grincheux, les égoïstes, les mesquins, les aigris, les tire-au-flancs, les tout tout-de-suite pour le plaisir, l’argent, etc. Certes, chacun de nous contient, peu ou prou, ces ingrédients. Nature humaine oblige.
Cependant, ceux là même que j’estime atteints au plus haut degré (bruyants, bêtes, méchants) vont bien, me semble- t’-il.
Si vous les repérez, passez au large me direz-vous, vous avez raison.
Sauf si, près de chez soi, ils envahissent, de nuit comme de jour, votre espace sonore et mental par : leurs cris, leur sempiternelle musique de boite à rythme, leurs paroles insultantes, racistes, creuses.
Alors, confinés ou pas, soyez heureux de ne pas habiter dans les parages de ces ostrogots.
Courage mes gens
Bises virtuelles
Paulette
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Médor, Rex, Rintintin, et les autres
C’est pas drôle, c’est pas gai
On voudrait s’aérer
Etre au bord de la mer,
Et ramasser des praires,
Regarder les tadornes,
Cueillir les salicornes.
Sentir l’air iodé,
Pouvoir dialoguer
Mais nous sommes confinés
Aux logements, assignés.
La famille, les copains,
Paraissent bien lointains.
Sans nos activités,
Il nous faut cogiter
Faire du sport cérébral
Pour garder le moral
Pour affronter demain
Un huis clos inhumain.
Nous sommes bien confinés
Aux logements assignés.
Regarder le ciel bleu,
S’en mettre plein les yeux,
Imaginer la vie,
Les rêves inassouvis,
Et retomber sur terre
Dans cette vie austère
Où on gère son ennui
Jusqu’au bout de la nuit
Car nous sommes confinés
Aux logements assignés.
Martine
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Bonjour Paulette
Je suis contente que vous ayez vu ma lettre et que vous ayez pris la peine d’y répondre. Ça doit être drôlement beau chez vous avec tout ce que vous avez fait.
Moi, je me suis contentée de laver mes carreaux ce qui me donne l’impression d’avoir lavé les fleurs du jardin voisin.
Je vous souhaite une bonne fin de journée dans un confinement coloré.
Mauricette
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Sur le papier russe
Pendant le confinement, je m’ennuie. Je me suis assise sur un fauteuil devant mon bureau. Là, je prends un papier russe, ma plume d’oie et mon encre arc en ciel. Je commence à écrire et à rêver d’une table en cristal ornée de pierres de précieuses, du jade. Sur cette table je vois des plats ovales, transparents, décorés d’un fil d’or.
Par la fenêtre, j’observe les oiseaux du jardin qui cueillent dans les roses jaunes d’or, des graines de couscous en forme de perles fines pour les mettre dans les plats ovales pour le bal de printemps.
Nathalie.
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A tous mes gens,
Petit coup de mou.
Hier pas de poisson d’avril rigolo, mais je me réserve pour la prochaine fois.
L’âme poétique de Mauricette, Laure et la gent canine, Martine qui veut revoir la mer, Nathalie
voyageuse dans son monde magique… autant de points de vue qui m’aèrent l’esprit.
Et vous ?
A quoi pensez-vous ?
Comment vous évadez-vous ?
Je vais commencer une liste de choses agréables à faire d’ici la fin de l’année.
Et vous ?
A plus mes gens.
Paulette.
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Si la graine de couscous rentrait dans le blé,
Les oiseaux, les poissons dans l’œuf,
Et l’humain là où il est né,
Si on pouvait faire un monde neuf
Sur des bases plus rondes,
Sans ces ennuis immondes,
Où l’avenir s’écrirait en lettre dorées,
Où les rêves seraient réalité
Les étoiles des phares,
Loin des voisins criards
Si on pouvait faire un monde
Sur des bases plus rondes
Martine
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Coucou mes gens,
Je vais pique-niquer. Temps radieux ou nuageux, la pluie ou le vent, rien ne m’arrêtera.
Je prépare le pain de mie, un morceau de fromage, mes carottes débitées en bâtonnets, un œuf dur, de l’eau, yaourt et pomme, enfin, petites douceurs de fin de repas : madeleine et carré de chocolat.
J’emporte mon panier sur ma couverture, au beau milieu du salon, afin de visionner le jeu télé.
Je me souviens. En 1992 (lors de la réhabilitation du logement par le bailleur) mon mari travaillait ; je me suis retrouvée coincée avec nos trois jeunes enfants et enceinte de notre quatrième bébé, dans la chaleur d’août, au dernier étage sans ascenseur de notre immeuble, dans une seule pièce. Les ouvriers œuvraient dans les autres.
Il a fallu faire preuve d’imagination pour distraire les petits. Le pique-nique en chambre a alors vu le jour et remporté un franc succès.
Bonne journée mes gens.
Paulette
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22ème jour de confinement
Ce matin au réveil je me suis dit : Si tu faisais des masques ? Hier au journal ils disaient qu’à la sortie du confinement le port du masque serait peut être obligatoire. N’étant pas dans le médical, je n’en ai trouvé nulle part, ça ne me dérangeait pas outre mesure puisque ma fille me fait toutes mes courses et les courses dans le quartier je suis à 20 m de la boucherie et de la boulangerie.
Je sors mon matériel, mais où est donc la pédale de la surjeteuse ? C’est sûr elle est dans l’armoire, je regarde deux fois, trois fois en me disant : c’est blanc et pas petit je devrais la trouver, en désespoir de cause je commence à refermer l’armoire et j’aperçois un truc, ben oui c’est la pédale de machine, seulement elle est ….. noire.
N’ayant pas de modèle j’improvise et prend les mesures sur moi et j’en fais un pour voir ce que ça donne. Ce n’est pas si mal que ça finalement. Je suis contente. Seulement au moment de coudre les élastiques le fil de la machine casse. Pffff !!! Après bien des essais pour faire rentrer ce foutu fil dans ce foutu trou d’aiguille je m’énerve
– Tu vas rentrer oui ou non !!!!
Bahia , ma minette me regarde avec commisération : Voilà qu’elle parle toute seule maintenant a-t-elle l’air de penser…..
Miracle le fil rentre tout droit…. Voilà, il fallait que je m’énerve, la prochaine fois je commencerais par là. Je couds mon élastique et voilà mon masque fini.
Je suis contente, je n’ai pas perdu mon temps.
Marie France
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Bonjour mes gens,
Je me laisse gagner par l’ennui, la lassitude. Je ne lutte pas. Au contraire, j’instaure le service minimum : toilette et repas ; rien d’autre.
J’écoute le silence : pas de bruits de véhicules à moteur, les voisins miraculeusement immobiles et muets, un ronron seul au loin. C’est tout.
L’appartement est propre et rangé. Je laisse mon esprit libre. Ma grand-mère, qui m’aimait, me sourit. Le temps s’allonge, lent et élastique. Il ne se passe rien. Je me laisse porter.
Je sens en moi une chaleur, une flamme, à peine… une flammèche, c’est la vie qui coule. Je me surprends à chantonner « c’est bon pour le moral ». La Compagnie créole reprend ses droits. J’ai intégré l’ennui. Un jour à la fois.
A demain mes gens.
Paulette.
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Pour une amie de cœur
Dans le jardin, une terrasse magnifique entourée de plantes et de fleurs joyeuses de toutes les couleurs. Chaque matin des oiseaux colorés arrivent.
Dans le jardin sur la grande table blanche Il y a des feuilles de toutes les couleurs de l’automne. Sur ces feuilles des nids en forme de cœur en chocolat, des graines et de l’eau pétillante.
Mon amie de cœur reçoit ces petits habitants sur sa table pour qu’ils goutent ces nids en forme de cœur.
Pour la remercier, ils lui ont donné une ficelle d’or, ils ont chanté de tout cœur et se sont envolé dans le ciel bleu.
Nathalie
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Bonjour mes gens,
A Pâques, un gros œuf en chocolat de chez Desrameaux (miam) m’attendait toujours chez ma grand-mère Paulette.
Elle était la seule qui, dans cette famille « toxique », ne m’ait jamais fait de tort. Bien au contraire.
Je m’esquivais, dès que possible, pour lui rendre visite. Elle habitait en face de chez moi : le coron de la République. Vingt maisons de briques rouges, toutes semblables, alignées, avec des volets verts ; les pimpants jardinets abritaient tous une mini-maisonnette : les lieux d’aisance.
Ma grand-mère était veuve de mineur, comme toutes les locataires de la cité. Aux beaux jours, assises sur le pas de la porte, cela papotaient dur et en patois. Je ne comprenais pas tout. Mais c’était exotique et un doux moment de répit. Je pouvais lire « Nous deux » et tremper un biscuit dans le café ou parfois un fonds de porto, quelles aventures.
Ma grand-mère était libre et joyeuse. Elle m’aimait. Je pense souvent à elle. Son sourire m’accompagne. Les morts peuvent encore vivre dans nos cœurs et éclairer notre quotidien.
A bientôt mes gens.
Paulette.
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Devant le coronavirus cette saleté, il nous fallait nous protéger, nous éloigner des postillons néfastes mais pour cela il nous fallait un masque, ne masquons pas la vérité, des masques il nous en manquait. La face il ne fallait pas se la voiler mais si disaient les sommités ! Avec quoi répondons-nous ? Ben avec un masque loup ! Mais avec celui-ci j’aurai l’air d’un loup bar. Poisson ou voyou on s’en fout, l’essentiel c’est de s’en sortir voilà tout.
René Dumetz
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Je pars pour aller faire une promenade sur un nuage bleu d’azur. Je me suis habillée d’une belle robe légère et j’ai pris mon ami le renard dans les bras. Je suis montée sur un très grand nuage dans le ciel étoilé. Je suis entrée dans le nuage, dedans il y avait un panier d’osier avec une couverture molletonnée. J’ai mis le renard dans le panier d’osier. Je me suis assise dans le nuage. Le nuage partit à travers l’espace et à travers la brume d’une planète. Je descendis du nuage pour aller sur la planète des montagnes aux arbustes magiques.
Les montagnes soupiraient des notes de musique très belles. La musique faisait danser toutes personnes qui étaient là sur cette planète. Le renard et moi ont dansé ensemble. Après avoir dansé, mangé et bu, on est reparti sur le nuage bleu d’azur pour aller chez moi .
Nathalie
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Il était obnubilé par la couleur jaune, depuis toujours c’était sa couleur : une ligne or sur son pull marine, une écharpe ornée d’un bouton d’or, un gobelet jaune citron, des pantoufles ocres, bref c’était son signe de reconnaissance. Il aimait marcher à pas de loup dans le sous-bois, jouer avec les tâches de soleil qui dansaient au moindre souffle de vent, s’arrêter pour écouter les arbres grincer ou la buse apivore effrayer les passereaux. C’était son domaine, il s’y sentait bien.
Cette faste forêt s’étendait sur les pentes de la Montagne Noire. Elle portait bien son nom cette éminence car les arbres aux essences variées avaient poussé sur une terre volcanique très fertile.
Tout à coup, il s’arrêtât, se figeât, ne bougeât plus, il était pétrifié, on aurait pu croire qu’il était devenu une statue. Que s’était-il passé ? Il levât la tête, ses yeux remontèrent les cent cinquante mètres du tronc rectiligne d’un hêtre centenaire, jusqu’à sa frondaison, là, sur la branche la plus basse, il vit un corbeau qui tenait dans son bec un fromage. Il se dit quel dommage que Jean de La Fontaine ait déjà écrit la fable, j’aurais tant aimé manger ce Maroilles !
A jeun, le renard partit la queue basse retrouver d’autres tâches de lumière…
Martine
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Coucou mes gens,
Mes habitudes changent.
J’écoute la radio à la télé. Dans la série « Ensemble à la maison », sur W9, de six à dix heures, passe l’émission Bruno à la radio. Je vous la conseille : bonne humeur et dépaysement assurés.
J’ai téléchargé un jeu gratuit en ligne : Taonga l’île agricole. Comme son nom l’indique, je sème, je récolte, je gère la ferme. Activité agréable, il faut anticiper. Mon cerveau amolli par le confinement, style vieille au bois dormant, se réveille alors.
J’envoie des photos, par téléphone interposé, aux enfants, notamment de ma merveilleuse chevelure. Entendez, cheveux fous en liberté. La coupe de base n’est plus qu’un lointain souvenir. Pour Noël, ferai-je un chignon ?
En attendant, je vais préparer le repas.
Accolade virtuelle mes gens.
Paulette
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Henri IV et la poule au pot
Dans le village de Pont à Mousson entouré d’arbres et de sapins vivait dans une grande maison rose et fleurie, une gentille famille très étrange. Ils avaient dans leur vaste jardin une cabane très, très insolite. A l’intérieur se trouvait une magnifique table en bois, sur cette table, des alambics, une baguette magique et une boule de cristal. Dans cette pièce il y avait tout ce qu’il faut pour faire de la magie.
Une jeune femme allait vers cette cabane, habillée d’une robe légère et d’un chapeau rouge flamboyant, sur le côté duquel étaient attachés deux pompons laineux en or.
Jade cette après midi allait faire un élixir d’amour pour elle.
Dans le jardin, près d’un portique, était un très beau banc blanc, orné d’un dessin représentant sur le bois, des fleurs, des roses. Sur le banc un très beau jeune homme galant et champêtre. A côté du banc un petit chat noir avec un très beau sourire.
Le chat émiette des petites noisettes pour faire un petit cœur dans l’herbe.
Dans ce village souffle un vent de bonheur.
Nathalie
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C’est dur l’avenir quand on ne sait pas à quelle sauce on va nous cuire, quand on ne sait pas ce qui va arriver, ce que va devenir la société, si les vivants d’aujourd’hui ne seront pas les morts de demain. Mais on sait que de toute façon c’est ce qui nous attend à plus ou moins brève échéance.
C’est dur d’imaginer qu’on peut être enfermé à cinq dans quelques mètres carrés avec l’obligation de fournir un papier pour acheter un kilo de sucre ou nos gouttes de digitaline.
C’est dur de penser que des enfants bouillants de vie sont confinés dans un espace clos sans voir un copain, sans avoir les conseils de son maître pour comprendre une leçon.
C’est dur de savoir qu’un nourrisson doive rester toute la journée dans l’appartement de ses parents sans partager les bras de sa nounou avec ses petits compagnons.
C’est dur de savoir que des personnes âgées qui se sont difficilement adaptées à leur environnement et aux autres résidents de la maison de retraite se trouvent seules dans leur chambre, parfois sans communications possibles avec leurs familles.
C’est dur mais c’est l’occasion de réfléchir ce qu’on veut faire de notre vie et de notre société, de mettre de l’ordre dans nos valeurs pour les vivre en toutes liberté après le confinement.
Martine
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Salut mes gens,
Comme vous, j’attends. Il nous faut tenir bon.
Bises amicales à chacun mes gens.
Paulette
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Bonjour mes gens,
Voici quelques vieux textes écrits il y a trois ou quatre ans. Ils vous paraitront frais.
Semer la musique à coups de clairon,
Semer en ce milieu de printemps,
Epandre du contentement.
Récolter les fruits du pommier… et des sons,
Semer, semer les notes de musique à plein poumons.
Assoler les rythmes par saisons.
Semer encore des notes à plein poumons.
Récolter des fanfares et des orphéons.
Dépiquer, séparer le bon grain de l’ivraie,
Glaner partout l’amour et la beauté.
Je me souviens de notre sommeil paisible et profond après l’amour, dans ce grand lit ancien, entourés du papier peint à fleurs bleues. Puis, soudain de l’éveil embrumé, dû à tes ronflements puissants.
Les gens dans les rues : d’où ils viennent, où vont-ils, qui sont-ils ?
Les gens dans les rues viennent d’un utérus, vont vers la mort et sont plus ou moins humains. Ce sont les mêmes gens que dans les maisons.
A plus mes gens.
Paulette.
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Assise sur une chaise devant mon tableau blanc, à coté de la fenêtre, devant la clôture, il y avait un vieux pot de fleur. Sur le tableau, je dessine un monde de nuages aux milieux du tableau, au dessus du monde un beau vase féérique, dans le vase un bouquet de muguet et de lilas rosée. Pour essuyer le pinceau, j’ai pris un chiffon fleuri. J’ai changé mon eau sale. Je reprends mon travail sur mon tableau mais c’est un peu difficile de le finir ce tableau. Je vois par la fenêtre très loin un magasin, « Le bazar », c’est son nom. J’ai envie d’acheter des nouveaux pinceaux de toutes tailles, pour dessiner d’autres tableaux et de magnifiques dessins.
Nathalie
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Comment imaginer le monde lorsqu’on est enfermé chez soi ?
Comment imaginer ce qui se passe vraiment à l’extérieur ?
Certes, la télévision donne des informations mais sont-elles vraiment fiables ?
Internet en quelques clics nous donne une avalanche de nouvelles, toutes plus alarmantes les unes que les autres, il y aurait six fois plus de morts liés à la pandémie de Covid-19 en France qu’en Chine ! Alors que l’épidémie est partie de là et qu’ils s’y trouvent un milliard et demi d’habitants. Difficile d’y croire, comment avoir foi en de telles informations ?
Un vieux monsieur pensif était appuyé à son appui de fenêtre, il voit un pinson, il en est sûr, ce n’est pas un moineau car il a une ligne blanche sur le côté de corps. Cet oiseau frétillant de vie lui donne espoir dans l’avenir.
Martine
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Bonjour Paulette
J’ai été contente de vous entendre au téléphone cet après midi mais je n’ai pas eu la présence d’esprit de vous demander à combien vous étiez confinés chez vous. Chez moi nous sommes à trois, ma vieille mère, un ami et moi. Je suis contente de ne pas être toute seule, c’est beaucoup moins difficile.
Paulette, je me permets de vous faire une bise parce que c’est à plus d’un mètre cinquante.
Mauricette
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Bonjour mes gens,
Appel téléphonique et bise à distance de Mauricette bien reçus, merci !
Je ne doute pas que le confinement, lorsque l’on est seul, pèse lourd. Le tête-à-tête avec ‘’soi-même’’
demande beaucoup de ressources :
Financières, car il faut se nourrir chaque jour,
Intellectuelles, afin de ne pas se laisser déborder par le déballage d’informations contradictoires, se distraire de façon variée etc.,
Affectives, le confinement exclut déjà. Si, en plus, l’impression d’être oublié s’y ajoute, le voyant est alors au rouge.
Aussi, à ce point, seul ou pas, la ressource c’est l’autre, l’extérieur ; ne surtout pas hésiter à demander de l’aide, matérielle et/ou psychologique : par téléphone, au voisin, pousser un cri à la fenêtre, appeler police secours… tous les moyens sont bons. Nul ne doit laisser un humain dans la détresse.
Nous vaincrons.
A bientôt mes gens.
Paulette.
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Un brin de bonheur dans le monde
Chaque année dans le monde, au mois de mai on fête le muguet. Par chez moi le jour du 1er mai, on fait la braderie, tout les personnes vendent du muguet de leur jardin à tout le monde. Mais cette année à cause du virus on doit être en confinement. Dans les rues personne ne pouvait en vendre du muguet et pas de braderie. Les rue étaenit désertes, que des voitures garées !
Mais dans les maisons et les immeubles toutes les personnes ont pris leurs ordinateurs. Elles sont mises sur Internet et Facebook, elles ont mis des poèmes et des dessins de brins de muguet avec des fleurs dont des roses. Pour fêter le 1er mai et donner du bonheur à tout le monde.
Tout le monde répond par des poèmes, des cartes, des dessins de muguet. Ça m’a fais chaud au cœur de voir ça cette année.
Nathalie Lecouf
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Voyage tourterelle
Voyage au bout du monde
Emporte avec toi ce virus immonde
Traverse les mers
Prends ce monstre rouge tomate.
Qu’après avoir contaminé les hommes
Il ne s’attaque pas aux ordinateurs.
Voyage tourterelle
Voyage au bout du monde
Martine
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Bonjour à tout le monde
J’ai voyagé avec mes enfants dans un endroit où y’avait beaucoup de tourterelles, à la mer.
Il y avait une forte chaleur, j’ai cherché sur l’ordinateur une recette tomate mozzarella. On a bien mangé.
Rahma
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Bonjour mes gens,
Comment allez-vous ?
Ici, cela passe. La famille, même éparpillée, se porte bien.
Vous restez tous courageux, même dans l’adversité.
C’est difficile, mais y’a pas le choix.
Bravo !
Bises à tous
Paulette
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Ange de la vie.
Chez moi, je répondrai aux questions que Lilas a données sur des feuilles.
Je pense beaucoup aux personnes que je connais et je me dis toujours que si on pouvait reprendre une vie normale, les anges les protègeraient.
Pour moi, je crois qu’un ange me protège dans la vie. Que l’ange me surveille et quand j’ai un problème il envoie une auréole autour de moi, un rayonnement de lumières, comme une fine étoffe lumineuse. Des bonnes personnes pour m’aider dans la vie.
Si on doit demander à Dieu de choisir de rester aux paradis ou revenir sur terre, moi je voudrais revenir sur terre, comme femme, pour faire ce que je n’ai pas accompli sur cette terre. Car je voudrais voir si les humains sont différents dans cette vie. Si je vais aux paradis je voudrais revoir les personnes que j’ai aimées de tout mon cœur, que j’ai connues sur la terre.
Ce texte c’est l’anneau de tout mon cœur de lumière et l’auréole de ma vie.
Nathalie
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Immortelle dans le cœur
Je rêve d’un parfum romantique, donneur de rêves et très léger.
Une bouteille en forme de cœur, le bouchon en forme de rose avec des feuilles argentées. Je voudrais faire mon parfum : extrait de mandarine, un peu de vanille et deux petites gouttes de rose rouge.
Le nom de mon parfum serait : « Immortelle du cœur », mais ce parfum n’existe pas dans la vie, Il est dans mes rêves.
Je suis toujours coquette et heureuse.
Je l’ai imaginé en rêvant quand je me suis réveillée dans mon salon, j’ai été très triste, je voulais rester dans mon rêve.
Nathalie Lecouf
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Au forum des Halles un marchand
Haranguait la foule en dansant
Son idée fixe : vendre un mainate
Oiseau malin et acrobate
Haut en couleur
Et racoleur.
Le commerçant repéra vite
Un excentrique sur ce beau site.
En toute logique
C’est historique
Il s’adressa au rigolo
« Hein qu’il est fier et qu’il est beau
Mon oiseau rare
Sans une tare »
C’était bien vu, ça a marché.
L’oiseau bavard si bien perché
S’en est allé
Vers le Marais.
Détail troublant, il chante la nuit
Et le manant n’aime pas le bruit !
Martine
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Dans les rues de mon quartier le confinement est respecté.
Fin du confinement. La ville de Lille s’est occupée à Faucher tous les jardins herbeux.
Pendant le confinement je me suis bien servie de mon robot.
Rahma
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Le parc des fées
Dans le parc aux milieux des fleurs de jade il y avait un l’arc magnifique, l’eau était en cristal bleu marine.
Ce jour là une fée a demandé à la reine de fêter le jour de l’Ascension et de Pâques dans ce parc. La reine et le roi ont dit oui.
Toutes les fées étaient dans le parc.
Des décorations, des cailloux multicolores autour de l’arc, près des bancs violets les fées mettaient des œufs en chocolat et en praliné, des cloches en chocolat et des noisettes.
La reine des fées est allée au journal pour mettre une annonce pour l’Ascension et Pâques.
Le roi était perplexe. La fête de Pâques dans le parc ? Mais il téléphona aux lapins pour qu’ils viennent à la fête. Les fées, les lutins et autres animaux sont venus pour s’amuser ensemble.
Nathalie
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Sur la presqu’île de Crozon vivait un personnage hors du commun. Un barbu qui avait oublié de pousser, il était court sur pattes, un peu vouté car depuis ses 10 ans il portait son filet et son matériel de pêche sur le dos. Il était jovial, dans le pays tout le monde l’appelait Père Colateur car au bistrot il ne buvait que du café et c’était bien le seul !
Un jour il ramena sur la berge un animal peu ordinaire, pas aussi long que les poissons habituels, on aurait dit une pierre ou un gros caillou mais c’était vivant, ça bougeait, ça respirait. Par les orifices latéraux, on voyait de temps en temps se former une bulle sur fond de muqueuse rose nacrée. Il le prit délicatement et le posa dans son panier sur un lit d’algues.
Il avait à peine fait 100 mètres qu’il entendit parler :
– Père Colateur, s’il te plait, remets-moi dans la mer
Il s’arrêta, ouvrit son panier.
– Pourquoi veux-tu retourner à l’eau ?
– Je viens du royaume des hippocampes, je suis leur cavalière. Je t’en supplie, dépose-moi sur l’écume d’une vague !
Le pécheur attendri fit demi-tour pour réaliser le souhait de son étrange pêche.
Martine